Application du modèle MARS 3D sur la lagune de Bages, gestion du grau de Port la Nouvelle, gestion du système fluvial et des apports d’eau douce à la lagune du Canélou
Problématique :
L’étang de Bages se différencie des autres grandes lagunes du Languedoc-Roussillon (Thau et Leucate) par l'importance de des apports d’eau douce qu'il reçoit via le Canélou, qui détourne une grosse partie des eaux de l’Aude.
Ces dernières années, les gestionnaires de l'étang ont tenté de limiter ces apports afin de réduire les risques d’eutrophisation. Cependant aujourd’hui, si l’eutrophisation occupe toujours une place importante dans les choix, les acteurs locaux ne souhaitent pas que des mesures de gestion trop drastiques conduisent à une marinisation importante de l’étang, et à une nouvelleorganisation des peuplements qui irait de pair.
Figure 1 : Grille de calcul bathymétrique du modèle MARS 3D (65m de résolution) sur la lagune de Bages-Sigean
Objectif de l’étude
Une étude s'appuyant sur le modèle MARS3D (Figure 1) a donc été menée afin de :
- Calibrer et valider le modèle sur les données de débits dans le grau de Port la Nouvelle (1,5 année de débits, figure 2)
- Quantifier l’impact des 2 ouvrages réalisées dans le grau de Port la Nouvelle sur la salinité de la lagune (augmentation de section : un ouvrage réalisé, un ouvrage en projet).
- Estimer la part de chaque exutoire du bassin versant (Berre, Fontfroide, Canélou)
- Quantifier l’impact de différents scénarios de gestion des apports d’eau douce sur la salinité de la lagune (effet sur l’amplitude de variabilité annuelle, sur les variabilités inter-saisonnières et sur la moyenne de la salinité, figure 3).
- Estimer l’impact de ces changements de salinité sur l’organisation et la structure des peuplements dans la lagune, ainsi que sur l’aspect trophique.
Figure 2 : Débit observés (en bleu) et simulés (en rouge) du 3 mai 2006 au 10 octobre 2006
Principaux résultats
- Le modèle reproduit et explique 82 % de la variabilité des courants entrant dans le grau de Port la Nouvelle et 56 % des courants en sortant « hors épisode intense (janvier 2006) »
- La lagune est composée de 2 bassins sur le plan hydrologique, qui se comportent différemment vis-à-vis des échanges de masses d’eau mer/ lagune et répondent différemment aux apports d’eau douce du bassin versant
- Le bassin nord est le bassin récepteur des eaux du bassin versant, plus dessalé de 5 unités que le bassin sud; on y constate des amplitudes de variation de salinité inter-saisonnière de 8 unités.
- Le bassin sud est un bassin dit « tampon » entre les eaux saumâtres et les eaux marines, c’est dans ce bassin que le mélange des masses d’eau a principalement lieu.
- Le système Canélou du bassin versant contribue à hauteur de 50 % aux variations de salinité de l’ensemble de la lagune. Ainsi, en "déconnectant" le Canélou, la lagune se mariniserait de près de 5 unités en moyenne et les amplitudes de variations de salinité inter-saisonnière serait diminuées de moitié.
Figure 3 : Evolution de la salinité aux 7 points de suivis, signal estimé par le modèle pour le scénario de référence
Personne à contacter
Annie Fiandrino : Annie.fiandrino@ifremer.fr
Ludivic Cesmat : ludovic.cesmat@yahoo.fr