Devenir des oeufs et larves d'anchois en Méditerranée Nord-Occidentale

Objectif de l'étude

Le Golfe du Lion (GOL) est l’un des rares plateaux continentaux de la Méditerranée. Depuis quelques années, de nombreuses études ont souligné la grande variabilité de la dynamique dans cette zone soumise à des forçages atmosphériques conséquents (le Mistral par exemple), à un forçage en flottabilité (le Rhône) et un forçage par la circulation thermohaline générale du bassin occidental (le courant Liguro-Provençal). Cette zone est une aire de ponte au printemps et en été pour les anchois. La modélisation numérique a été utilisée pour évaluer la rétention de ces œufs et larves dans le Golfe du Lion ou au contraire leur transfert vers le Plateau Catalan et la Mer des Baléares. Cette étude à été réalisée dans le cadre du projet européen SARDONE regroupant des partenaires espagnols, italiens, grecs et français. La coopération s'est poursuivie avec ICM Barcelone sur le recrutement de la sardine et l'introduction de davantage de comportement biologique dans le mouvement des larves et œufs.

Figure 1 :Exemple de concentration (échelle log) de larves d'anchois pondus uniformément dans le Golfe du Lion après un mois de transport lagrangien.

Le logiciel ICHTHYOP développé par l'IRD et PREVIMER a été utilisé. Ce module de post-traitement lagrangien est utilisé off-line à partir des résultats opérationnels de la configuration MENOR archivés à Previmer.

En l’absence d’indication précise concernant la date et la localisation d'un évènement de ponte, la stratégie retenue a consisté en un lâcher hebdomadaire de 100.000 œufs uniformément répartis sur le plateau du Golfe du Lion entre la mi-mai et la mi-août. L’expérience été répétée sur les années 2001-2008. La répartition des larves d’anchois est analysée au bout d’un mois, âge auquel les larves sont considérées comme capables d’un déplacement autonome (figure 1). Au déplacement « passif » des œufs et larves d’anchois peut être rajouté un comportement « biologique ». On peut ainsi retenir l’effet de la densité des œufs sur leur profondeur dans la colonne d’eau, la mortalité liée à la température ou à la disponibilité de nourriture ou la migration verticale diurne.

Résultats

Le premier résultat inattendu de cette étude est le peu de sensibilité du recrutement final (i.e. le nombre de larves qui restent dans le Golfe du Lion après un mois) aux conditions atmosphériques (figure 2). Le deuxième résultat est que le forçage atmosphérique influe notablement sur le recrutement sur le plateau Catalan des larves en provenance du GOL.

Figure 2 :Evolution du nombre d'œufs ou de larves d'Anchois pour différentes situation météorologiques moyennes.

L'introduction de la migration diurne (la larve monte en sub-surface la nuit et redescend le jour vers 50m de profondeur à la position du maximum local de chlorophylle) ne change que marginalement les statistiques globales. La conséquence la plus notable de cette migration est l'accumulation des larves dans des zones de convergence des masses d'eau qui se trouvent être les eaux les plus dessalées et potentiellement les plus riches en production primaire. Le temps de résidence caractéristique des larves est de l'ordre de 40 jours, ce résultat est en accord avec des calculs précédents menés sur le bilan global de salinité dans le golfe.

Contacts

Amandine Nicolle : amandine.nicolle@sb-roscoff.fr

Pierre Garreau : Pierre.Garreau@ifremer.fr

Références

Nicolle Amandine, Garreau Pierre, Liorzou Bernard (2009). Modelling for anchovy recruitment studies in the Gulf of Lions (Western Mediterranean Sea). Ocean Dynamics, 59(6), 953-968. Publisher's official version : http://dx.doi.org/10.1007/s10236-009-0221-6 , Open Access version : http://archimer.ifremer.fr/doc/00000/7394/